
Parcours de l’artiste
Le premier outil de travail de Toma, c’est son imagination. Ses parents issus du monde de l’Opéra avaient pensé que petit Pierre, biberonné aux œuvres classiques plutôt qu’aux yé-yé serait enclin à suivre les traces de son papa, premier hautbois dans la pratique de la musique. Allait-il souffler, tambouriner ou pianoter ? En attendant la sainte vocation du gamin pour le petit crincrin, on commença par l’inscrire au solfège. Si Pierre use les microsillons des livres-disques de Piccolo et Saxo comme de Mozart raconté aux enfants, il n’a pas pour autant l’oreille musicale. Pendant que les autres bambins s’appliquent à aligner des gammes, Pierre retourne son cahier, ajoute des bras et des jambes aux notes de musique. Il invente un autre univers. Comme son parrain et son arrière-grand-père, Pierre est doué pour le dessin.

Aquarelle / 1994
Toutes ses études comme ses diverses formations tendront vers l’apprentissage et la pratique des arts plastiques. Comme beaucoup d’artistes, Toma est multidisciplinaire. Il étudie traditionnellement les arts décoratifs. Il se forme à la sérigraphie, peinture monumentale, moulage à pièces, stratifie les matériaux composites. Il accessoirise pour le théâtre.
La musique n’a pas quitté sa vie pour autant, il y reste très attaché. À partir de l’écoute des œuvres musicales, il cherche à transposer dans le trait l’interpénétration du son et de l’instrument avec le musicien. La vision de l’instant décrit les premiers états de cette métamorphose. Formes et couleurs s’associent pour restituer l’état d’une émotion qui nous transporte. C’est au départ sur le papier avec la peinture à l’eau qu’il va développer son style en éclats. Plus tard, limité par le format imposé du papier, il réalisera des œuvres sur toile en technique mixte, huile et acrylique. Il signera ses œuvres en quatre lettres : Toma.
Toma est belge. En 2008, un conflit communautaire récurrent agite à nouveau son pays. La majorité linguistique flamande impose ses vues à la minorité francophone au détriment des droits des francophones. Certains évoquent déjà la scission du pays. Un peu plus de cent artistes sont invités à s’exprimer dans une exposition collective qui se déroule à Jette, Toma en fait partie.
Son père est flamand, sa mère wallonne, Toma est né à Bruxelles, la capitale du pays. C’est un sujet délicat qui demande réflexion. Le droit du sol opposé au droit de la langue. Pour illustrer son propos, la représentation graphique ne lui semble pas assez intense, il opte pour une installation. Ce sera « État provisoire ».
Il décrit l’œuvre comme suit :
« Les fils barbelés en noir et jaune évoquent la « ceinture flamande ». Tenter de prendre la tenaille pour se libérer ne peut se réaliser qu’en se blessant. Malgré toutes les différences qui rassemblent et qui opposent, scinder la Belgique ne se fera pas sans douleur. »

Depuis, cette nouvelle forme d’expression est venue compléter ses réflexions.
Ses installations trouvent souvent leur origine dans des sujets de société.
L’objet se veut interpellant, il devient prétexte à débat.