CENT GARANTIES


Démarche de l’artiste

Les produits financiers
qui voulaient transformer la merde en or

Dès 2003, les banques américaines proposent aux ménages modestes des crédits hypothécaires à long terme à taux variables. Avaient-elles envisagé les pires des scénarios-catastrophes qui s’abattraient cinq ans plus tard sur tous les marchés boursiers du monde?

Après avoir engrangé de fructueux profits exponentiels que rien ne semblait pouvoir arrêter, l’année 2007 viendra ralentir la croissance américaine, jusqu’à provoquer la crise financière la plus dévastatrice depuis le crack de 1929, celle qu’on appellera bientôt « la crise des subprimes ».

Les signes de danger potentiel sont réels. La bulle spéculative immobilière en train d’éclater avait-elle à ce point échappés aux professionnelles et conseillers du marché? La note triple A sera encore accordée par l’agence de notation « Standard and Poors » à la banque « Lehman Brothers » le 13 septembre 2008 deux jour avant son aveu de faillite.

Certains initiés attachés les uns aux autres par des commissions et des intérêts sur la création et l’échange de produits structurés complexes ont-ils acceptés de couvrir et d’entretenir artificiellement de leur plein gré un système faillible tant que son maintien continuait de leur rétribuer d’excellents bénéfices?

Les clients Influencé par des labels estampillés « risques garantis » ont-ils abandonné tout discernement et responsabilité d’évaluation sur simple promesse de rentabilité élevé?

Jusqu’au bout de la crise, les banques centrales et la réserve fédérale américaine resteront solidaires. Les erreurs et les excès d’optimisme renfloué par injection de milliards n’arriveront pas à redresser complètement la barre. À ce jour, la convalescence reste mondiale. Le crédit demeure frileux, une rechute n’est pas à exclure.

Description :
Pour une multitude de produits ou le profane et l’initié se trouve confronté à l’incertitude, des procédures d’expertises publiques et privées se mettent en place.
Elle permet de se prémunir des risques et d’ajuster les choix en connaissance de cause.
Influencé par la confiance et la recommandation générale accordé aux établissements qui délivre labels et garanties, nous abandonnons en tout ou en partie notre discernement et notre responsabilité d’évaluation.

Un côté nous montre qu’un objet sale (toxique) ressemble à une pépite d’or labellisé triple A. Pourtant, nous observons que ce n’est pas une pépite, mais de la merde recouverte d’une couleur or. De l’autre, la réalité nue se révèle sans artifices.
En acceptant, le principe que la merde vaut de l’or à travers le filtre de la notation, nous en acceptons aussi les risques. Quand les catastrophes boursières s’abattent sur notre portefeuille, nous cherchons à désigner le coupable d’un système que nous avons nous-mêmes soutenu et encouragé.

Infos sur l’oeuvre:
CENT GARANTIES / 06-2016
Verre marqué / plastique / bois peint / 20 x 15 cm

photo : Yves François