RENOIR BIOTECH

Démarche de l’artiste

Steve Austin, astronaute. Un homme tout juste vivant. « Messieurs, nous pouvons le reconstruire. Nous en avons la possibilité technique. Nous sommes capables de donner naissance au premier homme bio-ionique. »



Le générique de la série culte des années 70 « L’homme qui valait trois milliards » aura sans doute été à l’origine de vocations scientifiques auprès de la génération X.

Dès le début de XXI siècle, la bionique est devenue une science à part entière. Depuis les premières prothèses qui effectuent des mouvements en fonction des signaux électriques produits par les muscles, jusqu’aux nouvelles générations de neuroprothèses contrôler par le cerveau, la course aux brevets s’emballe.
 Pendant que les laboratoires de recherche scientifique perfectionnent la connexion des implants neuronaux et du stent cérébral adapté au remplacement d’un membre, des produits simplifiés sont commercialisés par des start-up. Ainsi, des petits objets légers comme des drones peuvent maintenant se déplacer par la pensée à l’aide d’un casque qui mesure l’activité électrique du cerveau. Des électrodes sont placées sur le cuir chevelu.

L’usage et le détournement des nouvelles techniques passionnent également les artistes contemporains. La récente discipline du Bio-Art s’exprime à travers le médium des biotechnologies. 
Les entrepreneurs qui ont imprimé en 3D l’œuvre «The next Rembrant» à partir d’algorithmes revendiquent leurs collaborations de travail dans l’analyse des données qui ont permis à un ordinateur d’imiter à la perfection le style du maître hollandais. Les pratiques de création des bio-artistes ou de tableaux programmés par mimétisme manipulent la technique pour explorer des projets expérimentaux.

Les futurs objets connectés qui envahissent peu à peu nos vies risquent de compliquer encore un peu plus la définition d’une œuvre et la paternité de son créateur quand une interface et un programme pourront reproduire de façon ludique, avec ou sans talent, les gestes des grands maîtres. 
Il suffira de contracter par électro-stimulation ou autres procédés les muscles d’une main pour reproduire le rythme. Au bout d’un doigt, un pinceau déterminera par impulsion raccordée à l’interface le style et la touche picturale de l’artiste programmé. Le résultat « peint à la manière de» pourra-t-il être encore reconnu comme une œuvre originale dès que le geste de la main aura été manipulé et contrôlé en grande partie par une application ?

Le nom de l’installation « Renoir Biotech » fait référence au peintre français Auguste Renoir, atteint de polyarthrite rhumatoïde chronique suite à une mauvaise chute à vélo. Malgré la douleur physique provoquée par la déformation progressive des articulations de ses mains, Renoir continuera à maîtriser son art et sa technique dans l’effort jusqu’à la fin de sa vie.

Infos sur l’oeuvre:
RENOIR BIOTECH / 05-2017
socle et main d’étalage  / simulation de : interface connectée par électro-stimulateurs
Photo : Yves-François